J'avais souvent vu le Bouillon blanc de loin, en lisière de champ, aussi lorsque j'ai découvert pour la première fois sa grande rosette de feuilles duveteuses dans les massifs nouvellement créés, j'ai décidé de ne pas l'arracher. J'allais enfin pouvoir observer de près ses hautes hampes de fleurs jaunes. |
La belle Molène a du tempérament, avec elle le temps semble s'accélérer, quinze jours plus tard elle colonisait le terrain, s'était déjà étalée sur plus d'un mètre et étouffait à moitié les hémérocalles voisines. Encore deux semaines et la géante mesurait presque deux mètres de hauteur. |
J'attendais avec impatience l'ouverture de l'épi floral quand un jour je me suis aperçue que toute la tête était dévorée par des dizaines de chenilles qui l'avaient creusée. Je les voyais entrer et sortir des nombreuses galeries, grignoter bourgeons et feuilles. Adieu les fleurs jaunes, une fois encore les insectes allaient retenir mon attention ! << Agrandissez l'image. |
Les
chenilles inféodées à la Molène
Bouillon Blanc, Verbascum thapsus,
portent le nom de Cucullia (Shargacucullia) verbasci. Ce
sont les larves d'un petit papillon, la Brèche,
qui pond début mai sous les jeunes feuilles. Les petites larves,
qui passent par plusieurs stades avant de se nymphoser en août dans
un cocon profondément enterré, sont dotées d'un appétit
féroce et peuvent rapidement dévorer entièrement la plante. |
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Toute jeune larve de Cucullia verbasci. |
À ce stade la larve mesure 0,5 x 4 mm. |
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La chenille déchire son ancien tégument et s'en dégage en progressant vers l'avant. | Après la mue la fragile exuvie reste un moment fixée sur la feuille. | ||
Bien que la Brèche soit un papillon de nuit, il est étonnant que je n'aie jamais jusqu'ici réussi à le voir mais les chenilles ont beaucoup de prédateurs et peu survivent jusqu'à l'émergence de l'imago. J'espérais voir combien de jours mettraient celles qui colonisaient la grande Molène pour la défolier entièrement, malheureusement l'expérience a échoué : en moins d'une heure toutes ont été, jusqu'à la plus petite, dévorées par une bande d'oiseaux. D'autres prédateurs moins voraces sont passionnants à observer, telles ces guêpes Polistes qui, tous les jours, inspectaient chaque feuille jusqu'à trouver la proie idéale à emporter vers leur nid. Elles capturaient le plus souvent des chenilles venant de muer, vulnérables au moment où elles doivent rester immobiles en attendant que leur nouveau tégument durcisse. |
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Photos et textes © Catherine Baral - all rights reserved |