Il
en est des fleurs comme des femmes, certaines ne sont pas spectaculaires
mais on les découvre si passionnantes qu'on s'y attache pour
longtemps. C'est le cas de la Carotte sauvage. Actuellement on vante la grande Berce. Qu'a t-elle donc de plus cette géante, grande certes mais mauvaise, qui peut vous laisser couverte de boutons brûlants ? Parmi les ombellifères blanches, la Carotte sauvage – la vraie – est bien plus intéressante. |
Tout d'abord Daucus carota n'est pas bêtement blanche. À
l'ouverture les fleurs de la couronne extérieure de l'ombelle
sont d'un délicat mauve rosé qui s'accorde avec le vert
bleuté du feuillage.
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Pour prévenir les visiteurs qu'elle est prête à les accueillir, pendant quelques heures Daucus carota allume son phare : Une petite fleur centrale pourpre bien au centre de la piste d'atterrissage. Le message est aussitôt reçu 5 sur 5 et le ballet commence. Vrombissants bombardiers ou fins fuselages tournent en attendant qu'une place se libère sur la piste. Ravitaillement, révision de l'empennage ou des ailes, tout le monde s'affaire. |
Lorsque le calme revient notre pauvre Carotte fait grise mine. Ses nombreux rayons se contractent. La piste maintenant d'un beige terne devient concave, la mort semble proche. Pourtant l'observateur n'est pas au bout de ses surprises, Daucus carota prépare sa seconde vie. Elle commence à reprendre forces et couleurs. De jolies graines ovoïdes d'un vert pâle flavescent remplacent les fleurs fanées, deviennent ivoire, se teintent de pourpre. Leur tige se courbe, l'ombelle se referme en coupe et Daucus carota, tapissée de cils translucides, devient refuge, chambre d'amour, nursery. Une fois encore ils sont nombreux à rechercher sa protection mais attention, parfois la carotte sauvage est un piège mortel, transformée par ses hôtes en cage, garde-manger ou cimetière. |
Si le vent apporte la Carotte sauvage au fond de votre jardin, ne l'arrachez pas tout de suite, prenez le temps de l'observer. Vous découvrirez alors ses très nombreux admirateurs et, comme moi, deviendrez certainement l'un d'entre eux. |
Le Téléphore fauve sort du refuge où il s'était abrité de la pluie. | Avant de quitter
le lieu de ses amours, la Punaise y a déposé ses œufs.
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Dissimulée au fond de la coupe, sous sa toile, une Araignée crabe guette. | Un Ichneumon est pris au piège. Le Thomise se précipite et l'emporte à l'abri des convoitises. | ||
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Photos et textes © Catherine Baral - all rights reserved |