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De la friche au jardin - 2 : le plan.


Une année s'est écoulée, rien de plus n'a été fait au jardin mais ces mois m'ont permis de faire connaissance avec l'espace. Tout en aménageant la maison, je suis passée d'une fenêtre à l'autre pour observer les axes de vue, l'ensoleillement, la zone d'ombre portée du chêne. J'ai noté mes désirs sur un carnet, gribouillé une quantité de plans.

Donner une structure à ce grand triangle plat et nu est un vrai casse-tête. La surface beaucoup plus large que profonde me déconcerte. Il y a le vieux hangar au toit de tôle que je tiens à garder dans l'espoir de le transformer un jour en salle à manger d'été ou jardin d'hiver, le poteau électrique, le chêne... Rien n'est droit. Pourtant la facilité des formes arrondies et lignes sinueuses ne me satisfait pas. Un tracé trop mou ne convient pas au style classique de la maison. À force d'observer, imaginer, dessiner... un jour tout s'éclaire.

    Passez la souris sur l'image pour voir mes premières options.

Le jardin est là, dans ma tête, recentré face au salon. Un verger occupe la pointe à droite de l'entrée, séparé du jardin par une haie de fruits rouges. Le petit coin accolé à l'appentis abrite un potager en carrés. Les arbres, je les vois principalement regroupés à gauche. Tout le centre du terrain est réservé aux massifs, arbustes, roses, vivaces... Pour donner un peu d'intimité j'imagine deux "chambres" face à la maison, séparées par une allée de roses : 5 pergolas ouvrant la perspective vers le fond où plus tard il y aurait un banc dans une alcôve verte.


Il y a bien d'autres choses dans mon rêve mais pour le moment je n'ai sous les yeux qu'une longue écharpe fleurie de camomille et coquelicots, bordée d'une large frange d'orties. Déjà fin mai, la saison est avancée, comme je n'ai pas le matériel pour m'attaquer seule à une telle surface, je décide de faire retourner le terrain et semer un gazon rustique. Cette façon de procéder n'est sans doute pas orthodoxe mais j'ai le sentiment qu'ainsi j'y verrai plus clair et pourrai vérifier si la structure que j'envisage tient.

Deux mois plus tard une lapine fait son terrier dans l'herbe verte. Chaque matin à l'aube elle l'ouvre, descend nourrir sa progéniture puis ressort et en referme soigneusement l'entrée. De la fenêtre de la chambre j'ai un jour la chance de pouvoir observer à la longue-vue les petits de la portée faire craintivement leur première sortie. Plus les jours passent plus je suis conquise par ce lieu, par ce jardin en devenir.
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